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L’étranger
15 février 2006

une demi-heure, trente minutes

            J’essaye d’écrire pendant que j’écoute la radio. Comme si j’essayais de me prouver que moi non plus, je n’ai pas besoin de mes névroses. Moi aussi, je peux bien être « comme » quelqu’un d’autre.

            «  Peut-être que je me laisse violer, ou au moins être volé, parce que dedans je me crois vide. Ou trop plein. Trop plein pour vraiment manquer l’enlèvement de mes richesses par la méchanceté des autres. Être volé pour être sûr que c’est à moi. Et que j’avais quelque chose de désirable à quelqu’un d’autre. »

            Et là je m’habitue à la voix de la femme qui vient de la radio. Une femme Marocaine que parle avec l’arrogance intellectuelle de quelqu’un qui ait la sûreté de n’être pas « pareille ». Elle dit que c’est seulement par les difficultés qu’on apprend quelque chose. Et je pense « Un jour ». « Un jour il va me quitter sans partir. »

Je sens le bois de la porte sans la regarder. Je suis trop concentré à trouver « le » mot pour décrire « le » moment. Acuité ? Plénitude ? Grossièreté ?

Une sensation maladroite d’avoir été capable de faire différemment ?

Non. Moi, je quitte tout ça. Au moins quand on perd du temps on ne risque pas regretter des choix. Ou se trouve insatisfait de ce qui était sûr d’apporter du bonheur.

Je sens la porte et je pense sans écrire: il arrivera par cette porte et il me dira qu’il m’aime, et qu’il va changer toute ma vie dans une demi-heure.

Comme dit cette chanson. La chanson est si triste qu’elle cesse d’être de la musique. Et elle devient un mensonge qu’il faut raconter comme si elle appartenait à soi. Comme si c’était toi qui avais pensé à ces paroles avant la chanteuse. En fait, c’était toi qui as inventé ces mots. Une espèce de néologisme pacificateur.

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